Mes travaux de recherche portent sur l’étude des relations entre les animaux, leur environnement et le parasitisme. Ils se focalisent notamment sur les réponses des animaux face aux nombreuses contraintes et changements environnementaux (conditions météorologiques, disponibilité en habitats, parasitisme) et liées à l’homme (tourisme, chasse, élevages), et à leurs conséquences sur la santé et la dynamique des populations animales. Plus récemment, j’ai développé plusieurs travaux de recherche sur la transmission de parasites entre faune domestique et faune sauvage, ainsi que sur les problématiques de résistance des parasites aux antiparasitaires.

  • Eco-épidémiologie du parasitisme

Dans une population en équilibre avec son environnement (e.g., pas de surdensité), le niveau d'infestation des individus au sein d'une même population est très variable entre les individus, avec une majorité des individus peu parasitée et une petite portion fortement parasitée et contamine fortement l’environnement et les autres animaux (« super-excréteurs » ou « super spreaders »). L’identification des facteurs à l’origine de cette variabilité individuelle dans la sensibilité aux pathogènes et à leur dissémination (et donc le risque qu’ils contaminent d’autres individus) représente une problématique majeure pour la santé et la gestion des espèces sauvages et domestiques.

Au cours de ces dernières décennies, les populations d'ongulés sauvages ont augmenté en densité et les espèces se chevauchent de plus en plus. Dans le même temps, elles font face à des modifications de leur environnement (climat, habitats et ressources alimentaires disponibles). De plus, la plupart de ces espèces sont chassées, avec parfois des pressions de chasse fortes et une sélection des animaux tirés, pouvant entraîner des modifications phénotypiques et génétiques dans la population. L'augmentation de la densité des individus et le chevauchement des espèces sont favorables à la transmission d'agents pathogènes entre les individus. De même, une mauvaise condition corporelle des individus (e.g., lors de forte densité, manque de ressources) les rend plus sensibles au parasitisme.

Les hôtes ne subissent pas seuls les changements environnementaux. Ces changements affectent aussi la dynamique des populations de parasites. Les déplacements des personnes et animaux et/ou leurs interactions, peuvent conduire à des modifications des populations parasitaires existantes comme l’arrivée ou des échanges de nouvelles espèces ou de souches résistantes à des traitements. Dans un monde aux conditions environnementales variables, et où les contraintes sont de plus en plus fortes, il apparaît important de déterminer les causes de modifications de l'équilibre entre l'hôte et ses parasites, ainsi que les conséquences sur la dynamique des populations hôtes et parasitaires afin de mettre en place des mesures de gestion adaptées.

  • Résistances aux anthelminthiques et interface faune sauvage – faune domestique

Les strongles gastro-intestinaux sont des parasites cosmopolites des ongulés, engendrant en élevage des pertes de production, des troubles cliniques, et d’importantes pertes économiques. Le développement et l’utilisation de molécules antiparasitaires ont constitué des avancées majeures pour la santé animale, en permettant dans un premier temps un meilleur contrôle du parasitisme et de ses impacts médicaux et économiques. Cependant, leur utilisation importante et répétée à travers le monde a favorisé le développement de souches de parasites résistantes aux principales familles d’antiparasitaires disponibles (e.g., benzimidazoles [BDZ], lactones macrocycliques [LM]), avec des niveaux de résistance parfois très élevés et inquiétants pour l’industrie de l’élevage, notamment chez les petits ruminants. Ainsi, les BDZ présentent des niveaux de résistance très élevés chez les petits ruminants, mais les résistances aux LM et les multirésistances sont de plus en plus décrites.

Du fait des changements globaux en cours, les contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et l’homme tendent à augmenter. La faune sauvage peut alors être contaminée par des agents pathogènes provenant des animaux domestiques, dont des parasites pathogènes et/ou résistants aux anthelmintiques, et participer en retour à leur dissémination.

Nous avons pu montrer dans des travaux récents la présence de parasites résistants aux BDZ en proportion importante chez les bouquetins, bien que les moutons étaient absents des pâtures depuis plusieurs mois. Ces résultats témoignent d’un maintien des souches résistantes dans l’environnement et/ou chez les bouquetins d’une année sur l’autre en l’absence de moutons. Se pose alors la question du rôle de la faune sauvage dans la dynamique des souches de parasites résistants : sont-ils victimes de la contamination de leur environnement par les animaux domestiques ou bien alors plutôt « responsables » du maintien des souches résistantes (rôle de réservoir) ? Comprendre le rôle de la faune sauvage dans la dynamique des parasites résistants à l’interface animaux domestiques – sauvages est une problématique importante pour une gestion intégrative des résistances.

 

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